RICHARD AIMONETTO : UNE LONGÉVITÉ EXEMPLAIRE !

Le célèbre international, qui fête ses 50 ans ce mois-ci, continue à jouer au hockey sur glace avec le club du Mont-Blanc en Division 1. Avant qu’il arrête définitivement sa carrière en fin de saison, Tristan Alric, créateur de la Coupe Magnus, retrace l’incroyable parcours de l’ancien attaquant tricolore originaire de Chamonix.
 
Media Sports Loisirs, Hockey Hebdo Tristan Alric le 12/01/2023 à 11:00

Lorsqu’en 1993, le journal L’Equipe m’a demandé de me rendre en Russie pour suivre le célèbre tournoi des « Izvestia » à Moscou – dans lequel la sélection tricolore participait – ce fut pour moi l’occasion de voir jouer pour la toute première foisRichard Aimonetto. Une opportunité qui fut un pur hasard comme me l’a rappelé l’ancien international : « Ce tournoi m’a marqué car à l’origine je ne devais pas y participer. Mais j’ai reçu un coup de fil dans la nuit pour venir remplacer en urgence un joueur qui était forfait. Du coup, dès le lendemain, j’ai pris l’avion pour rejoindre l’équipe de France senior en Russie… »

A l’époque, je me souviens que ce jeune attaquant français, âgé de 20 ans, était visiblement très prometteur sur la glace. D’autant qu’il venait de disputer aussi sans complexe sa première saison dans le championnat de France élite avec le club de Chamonix, la station de la Haute-Savoie où il est né.
Une promotion justifiée car un an avant de participer avec l’équipe de France à ce fameux tournoi en Russie, Richard Aimonetto avait suivi comme simple spectateur les Jeux olympiques d’hiver d’Albertville en 1992 qui avaient renforcé sa détermination de devenir hockeyeur professionnel. Mais je n’imaginais quand même pas que ce nouveau joueur tricolore en senior, testé par l’entraîneur national suédois Kjell Larsson, effectuerait une carrière sportive d’une longévité aussi incroyable !

 
En effet, le 24 janvier 2023, Richard Aimonetto, qui est à présent directeur de l’agence de la Caisse d’épargne de la station de Haute-Savoie, fêtera l’anniversaire de ses 50 ans en occupant non seulement un poste stratégique à la banque, mais en continuant à disputer également le championnat de France de la Division 1 avec l’équipe des Yétis du Mont-Blanc !
Un événement qu’il faut saluer puisque lorsqu’il fêta ses 40 ans, son club avait déployé une grande banderole dans la patinoire en forme de soutien sur laquelle était inscrite cette phrase : « Longue vie au roi Richard ! » Le souhait unanime de ses supporters fut donc exaucé au-delà de ses espérances. Mais, comme il me l’a confié, c’est promis juré, si « papy » fait encore de la résistance dix ans plus tard, ce sera cette fois sa dernière saison. Car le sympathique chamoniard explique : « A un moment, il faut savoir quand même dire stop ! Je ne voudrais pas devenir un boulet pour mon équipe. Autant que j’arrête sur un compte rond… »

Avec son accent haut-savoyard au rythme saccadé Richard Aimonetto me confie qu’il s’amuse toujours autant de se faire parfois « brasser » par des jeunes joueurs qui sont pour certains les fils de ses anciens coéquipiers ! Face à ce monument du hockey sur glace français, ces derniers n’osent pas trop lui demander des conseils car ils sont trop impressionnés par ce « dinosaure » du hockey sur glace français. Comment ne pas éprouver un grand respect et rester admiratif par la carrière de Richard Aimonetto ?

En effet, je rappelle que ce dernier a participé à deux Jeux olympiques d’hiver, en 1998 à Nagano (numéro 36) puis en 2002 à Salt Lake City (numéro 25). Il a disputé également six championnats du monde entre 1997 et 2003. Par ailleurs, Richard Aimonetto a remporté deux titres de champions de France en Ligue Magnus en 2002 avec le club de Reimspuis en 2004 avec le club d’Amiens. Enfin, autre fait d’arme qui mérite d’être souligné, il fut pendant huit ans le capitaine de l’équipe de Chamonix en Ligue Magnus !

Ce que beaucoup ignorent, c’est que Richard Aimonetto, qui débuta le hockey sur glace à l’âge de sept ans à Chamonix, s’exila volontairement à Montréal en 1989 pour partir jouer en Midget AAA après avoir participé à un tournoi peewee où il fut remarqué par les recruteurs canadiens. C’est à cette époque qu’il tapa notamment dans l’œil d’un certain Daniel Bourdages qui deviendra le futur entraîneur emblématique du club de Strasbourg.
Pour preuve, Richard Aimonetto fut drafté en junior majeur par le club de Victoriaville comme 4e choix du 7e rang. En 1992, année des J.O. d’Albertville, il fut d’abord échangé pour jouer à Saint-Jean sur Richelieu puis à Shawinigan.

 

Malheureusement, victime d’une rupture des ligaments croisés de son genou droit, Richard Aimonetto, qui resta inactif pendant trois mois, préféra revenir en France pour débuter donc sa carrière professionnelle avec le club de Chamonix.

Lorsque la patinoire de la station de Haute-Savoie dut fermer provisoirement à cause d’une inondation en 1996, Richard Aimonetto disputa une saison avec les Brûleurs de Loups de Grenoble. Ce fut en fait le début d’une itinérance volontaire dans sa carrière « pour vivre d’autres expériences sportives » dans d’autres clubs français de hockey sur glace. Ce sera successivement Lyon, Reims, Mulhouse et Amiens avant un retour au bercail dans sa station natale de Chamonix pour porter le brassard de capitaine des « Chamois » puis des « Pionniers ».

Mais en 2013, Richard Aimonetto, ayant atteint l’âge déjà respectable de 40 ans, « divorça » de son club d’origine à cause d’une mésentente avec l’entraîneur Stéphane Gros. Il raconte : « En fait, on ne s’est jamais vraiment entendu tous les deux depuis notre enfance. Il a prétexté que j’étais désormais trop vieux. Pourtant, la saison qui précéda mon départ forcé, j’avais fini deuxième joueur français ! Du coup, je suis parti jouer avec le club voisin du Mont-Blanc en Division 1.»

Richard Aimonetto, qui avait débuté sa reconversion sportive de haut niveau dès 2004 lorsqu’il jouait à Amiens en étant employé à mi-temps à la caisse d’épargne (avant d’être d’obtenir sa mutation et sa promotion à Chamonix) a donc continué à jouer depuis dix ans avec le club du Mont-Blanc. Sans aucun regret ni amertume. « Actuellement, je me fais toujours plaisir en jouant en power play à toutes les sauces avec deux renforts canadiens, le tchèque Mikulas Bicha et le letton Bruno Zabis. En plus du rôle de capitaine, j’ai même été pendant une saison l’entraîneur-joueur des Yétis après le désistement de Patrick Alotto. Mais, je suis vite redevenu simple joueur car ce rôle me suffit amplement. D’autant que j’ai un métier à côté », explique l’ancien tricolore.

Richard Aimonetto, qui va donc fêter ses 50 ans ce mois-ci a-t-il un secret concernant sa longévité ? « J’ai une hygiène de vie assez stricte car je pense que c’est important pour pouvoir durer, dit-il. Je ne fais pas d’excès. Je ne bois pas. J’ai aussi une alimentation très équilibrée et je fais attention à bien récupérer après les entraînements et les matches. Si j’ai un secret, c’est celui-là ! Comme j’ai fait aussi du sport d’endurance quand j’étais petit, notamment du ski de fond, j’ai pu muscler ma résistance cardiaque. Ça paye forcément pour pouvoir durer encore aujourd’hui. Et puis, j’ai eu la chance d’être épargné tout au long de ma carrière par les grosses blessures. En hockey sur glace, c’est toujours le danger. »

A cela, il faut ajouter que Richard Aimonetto pratique le roller-hockey pendant la saison estivale. Bref, il ne reste jamais en place et ne cesse de solliciter son physique qui lui a donc permis de durer sportivement. Une longévité qui fait l’admiration de son frère Florent qui fait du compagnonnage dans le métier de la maçonnerie et qui pratique également le roller pendant ses heures perdues dans le sud de la France à Montpellier et à Nîmes.

Il faut préciser que les deux enfants de Richard Aimonetto – nés de deux unions différentes – ont été influencés car son fils Théo (23 ans) a fait également du hockey sur glace très jeune et vient de reprendre l’an passé en catégorie loisir en prenant en même temps trois licences différentes avec les clubs voisins de Megève, Saint-Gervais et Combloux ! Quant à sa demi-sœur Faustine (13 ans), ainsi que Sophie, la mère de cette dernière, elles admirent également l’itinéraire de leur « Richard cœur de lion » qui attendra donc la fin de saison pour tirer définitivement sa révérence.

Je parie que Richard Aimonetto doit garder quelque part en tête le record détenu par l’ancien hockeyeur tricolore Pascal Del Monaco qui a pu fêter l’anniversaire de ses 60 ans sur la glace grâce à la complicité du club de Tours et de l’ex-entraîneur Bob Millette qui lui avait demandé de rechausser exceptionnellement ses patins en 2010 lors d’un match contre Champigny. Le regretté Pascal Del Monaco, qui décéda malheureusement trois ans plus tard d’une longue maladie, s’entraîna alors comme un fou pour ne pas être ridicule et il assura sur la glace comme à ses plus beaux jours !
Reverrons-nous également le « Roi Richard » sur la glace dans dix ans ?

Théoriquement c’est peu probable. Mais vu son hygiène de vie exemplaire et son exceptionnelle longévité, je ne serais pas surpris qu’il réalise un jour le même exploit… En attendant, Richard Aimonetto force le respect et l’admiration de tous les amateurs de hockey sur glace français ce qui me fait penser à la grande star thèque de la NHL Jaromir Jagr, également âgé aujourd’hui de 50 ans, qui a rejoué cette saison en Extraliga avec le club de Kladno (sa ville natale) dont il est à la fois le propriétaire et le président. Ce dernier, après une dernière saison avec les Calgary Flames en 2017-2018 a dû reprendre du service car son équipe avait été décimée par un virus.
A des niveaux certes différents, ces deux hockeyeurs prouvent qu’avec la passion, une bonne hygiène de vie et une réelle volonté de se surpasser sportivement, l’âge n’est plus un obstacle totalement insurmontable.

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